Tout a commencé il y a un peu plus de deux ans, quand j’ai découvert l’existence du concours Portraitiste de France.
Ce titre, décerné par la FFPMI (Fédération Française de la Photographie et des Métiers de l’Image), récompense les photographes professionnels sur la base d’un dossier de portraits jugés par un jury. Le but ? Prouver qu’on sait ce qu’on fait derrière un boîtier et que nos images tiennent la route (j'extrapole un peu).
N’ayant aucune idée de mon niveau en dehors des « Wahou trop beau » de ma famille et des retours positifs de mes clients, et pour en partie faire taire le syndrome de l'imposteur en moi, je me dis que ça pourrait être intéressant de confronter mon travail aux yeux affûtés de mes pairs.

Le début de l’aventure : en quête du graal
Ce concours c'est quoi exactement ? Créé en 1991 par Luc Pouget, le Portraitiste de France a pour but premier de permettre aux photographes professionnels Français de mesurer la qualité de leur travail. Il s'agit d'une véritable qualification et d'un gage de qualité pour les clients. Au sein de la profession, le titre de Portraitiste de France est désormais très plébiscité chez les photographes professionnels.
On est en septembre 2023, je décide donc d’adhérer à la FFPMI, sans quoi je ne pourrai pas participer au concours, et je découvre la délégation Occitanie Sud. Belle surprise : je rencontre, lors d'une première soirée, des photographes talentueux, passionnés, et avec qui je tisse des liens d’amitié et d’entraide, notamment.
En parallèle, je m'exerce avec Nath Sakura, une photographe dont j’admire énormément le travail, lors de cours hebdomadaires qu'elle propose. Je m’y inscris et m’efforce d’être assidu. Pendant deux ans, je me transforme en apprenti Jedi de la photo : j’apprends (passionnément), je progresse (énormément), je teste (beaucoup) et j’affine mon style (un peu). Mon passage dans son studio, c’est un peu mon entraînement avec Yoda – en plus rock’n’roll, ce n'est pas pour rien que bous étions de jeunes "Padawan". C'est aussi en partie grâce à cet apprentissage que je me lance enfin dans une volonté de créer mon studio. Les photos en extérieur c'est cool, vraiment, mais en studio... c'est vraiment un autre monde et j'adore ça.
Le grand plongeon : préparation du concours
Au delà de préparer le concours, je m'exerce énormément car je souhaite de plus en plus ouvrir mon studio en proposant des prestations de qualité. Mais trouver un local n'est pas une mince affaire. J'ai des opportunités de location mais rien ne me convient vraiment. Le temps passe, nous sommes en février 2024, je trouve enfin un local. Entre rendez-vous à la banque et chez le notaire, les inscriptions pour le Portraitiste de France s'ouvrent en mars : je n'attend pas une seconde et je m'inscrit rapidement, prêt à rentrer dans l'arène. Je suis le 13ème inscrit... est-ce que ça me portera chance ? Les thèmes sont dévoilés :
- Photo N°1 : 1 femme enceinte seule ou accompagnée
- Photo N°2 : 2 enfants de moins de 6 ans
- Photo N°3 : 1 personne de plus de 60 ans accompagnée d’un animal
- Photo N°4 : 1 groupe ou famille d’au moins 4 personnes
- Photo N°5 : Corporate, 1 personne dans son environnement professionnel, regard vers l’objectif
- Photo N°6 : Portrait libre créatif
- Photo N°7 : Portrait libre créatif
- Photo N°8: Portrait libre créatif
- Photo N°9 : 1 Couple ou des mariés en studio ou en extérieur
- Photo N°10: 1 Couple ou des mariés en studio ou en extérieur
- Photo N°11: 1 Couple ou des mariés en extérieur debout et en plein pied
- Photo N°12: 1 Couple ou des mariés en extérieur debout et en plein pied
Nous avons huit mois pour composer et envoyer notre dossier. Je démarre quelques images pour me mettre en jambe.
C’est alors qu’une journée de pré-jugement est organisée par la FFPMI Occitanie Sud : une simulation du jury final où nous présentons nos images de manière anonyme.
Résultat : je me fais défoncer.
Ce n’est pas que mes photos sont mauvaises… mais disons qu’elles ne correspondent pas aux attentes du jury. Certaines images sont hors sujet, d’autres sont à la limite, comme ce portrait de ma grand-mère avec un chien (que j’adorais, mais visiblement, on est loin du portrait traditionnel).

On me conseille d’abandonner le grand-angle, souvent jugé trop peu conventionnel en portrait. On préfère le sacro-saint 85mm.
Une seule de mes photos passe en coup de vent, sans critique particulière… Spoiler alert : elle finira meilleure note de mon dossier.
Recalibrage stratégique : l’Empire contre-attaque
La saison des mariages débutent, les travaux du studio aussi. Et pour le concours ?
Je revois ma copie et décide d’assumer un dossier uniforme :
Le bleu sera ma couleur dominante (on ne se refait pas).
Le 35mm reste mon arme de choix. Tant pis si ce n’est pas académique, je suis plus Han Solo que Luke Skywalker. Je veux garder avant tout mon identité et prendre du plaisir en créant des images que je serait fier de présenter.
Je vais créer une partie de mes images en home studio, je déplace des meubles dans la maisons et installe 8m2 de fond et de flashs. Une seconde partie se fera en extérieur sous le regard interrogatifs des gens, comme ce jour où on a fait une séance à Paloma à Nîmes en plein milieu de la file d'attente d'un concert.
Et parce qu’il faut savoir saisir les opportunités, je profite même des travaux de mon studio pour réaliser une photo en plein chantier.
Une fois les travaux terminés et mon cyclorama en place, je finalise mon dossier avec mes trois dernières photos. Il me reste moins d’un mois pour finaliser, imprimer et envoyer le tout.
Je suis dans les temps, et il ne me reste plus que la partie tirage. Chose effectuée rapidement et avec une grande maitrise par le labo photo à qui j'ai fait appel. J'envoie mon dossier : les tirage par la poste, les fichiers numérique par mail.
À l'école, je n'ai jamais relu mes copies, quelle perte de temps (pour mes articles de blogs c'est pareil). J'ai (presque) fait pareil avec mon dossier. Eror 404... Je réalise à contre coups que j'ai fait des erreurs de débutant, qui pourtant auraient pu être corrigées très simplement. Trop tard. Le bébé a pris son envol. J'avais le nez trop prêt du guidon et si je me casse les dents je ne pourrait m'en prendre qu'à moi-même. Ces erreurs vont me couter des points, je le sais. Advienne que pourra.
Le grand final : révélation à Toulon
Quatre mois plus tard, direction Toulon, où se tient le congrès de la FFPMI. Je n'avais pas vraiment envie d'y aller, je n'aime pas ces conditions, cette attentes... L’heure de vérité approche.
Le stress monte.
Les lauréats sont appelés par ordre décroissant.
Pour obtenir le titre, il faut une moyenne de 12/20 et s’assurer qu’aucune image ne descend sous la barre des 9/20 (sinon, tout le dossier est éliminé). Chaque image est évaluée sur :
Impact et créativité
Maîtrise de la lumière
Émotion et gestuelle
Graphisme et composition
Qualité technique
Les noms défilent. Des photographes que j’admire sont appelés. Toujours pas mon nom, la liste se réduit. Je commence à comprendre que je n'aurai pas le titre. Deux collègues de ma délégation sont annoncés, on est déjà dans le haut du paniers. À ce moment-là, je me fais définitivement une raison. Je suis convaincu que ça ne sera pas pour moi cette année. Je commence à rédiger un sms à destination de mon épouse, lui expliquant que je suis passé à côté, qu'en proposant quelque chose qui me ressemble ça ne l'aura pas fait et que peut-être que mon 35mm fétiche m’aura joué des tours. Je m'apprête en envoyer le message...
Et là… mon nom résonne dans la salle.

Un classement inespéré
Je n’y crois pas.
La pression retombe aussi vite qu'elle n'est arrivée.
Non seulement j’obtiens le titre, mais je termine 19ᵉ.
19ème sur 170 lauréats (583 ce sont inscrits, seuls 408 dossiers sont allés au bout et ont pu etre jugés). Et cerise sur le gâteau : je suis en tête de liste de ma délégation Occitanie Sud. Évidement ce classement ne veut rien dire ou presque, mais je me l'approprie comme un petit cadeau supplémentaire.
Un ascenseur émotionnel digne d’un bon Spielberg.
Je suis fier de moi et du chemin parcouru.

Je ne vais pas entrer dans le détails de chacune de notes mais juste donner la note finale tronquée.

- Photo N°1 : 12,8/20
- Photo N°2 : 13,1/20
- Photo N°3 : 12,3/20
- Photo N°4 : 15,2/20
- Photo N°5 : 14,5/20
- Photo N°6 : 13,2/20
- Photo N°7 : 13,8/20
- Photo N°8: 14/20
- Photo N°9 : 13,2/20
- Photo N°10: 13,2/20
- Photo N°11: 12,2/20
- Photo N°12: 13,9/20
Ce n’est que le début…

Bien sûr, ce n’est pas une fin en soi. Ce concours, c’est une étape, pas un aboutissement. Un bon lancement pour mon studio, qui vient d’ouvrir ses portes.
Et surtout, un gage de qualité pour vous. Cette reconnaissance garantit que vos séances seront réalisées avec passion et exigence, pour des images que vous garderez toute votre vie.
Ce n’est que le début.
Beaucoup d’autres défis m’attendent.
Petit à petit.
Pas à pas
Sans brûler les étapes.
À suivre…
Félicitations, c’est mérité. C’est un très bon dossier. Bravo. Mickael.
Quel parcours !!!! Un énorme BRAVO à toi ! J’ai adoré lire ton récit !